A la fin du XVIIème siècle, Louis XIV est puissamment installé sur le trône français. Avec Louvois, son secrétaire d’Etat à la guerre, il cherche à « rationaliser » les frontières du pays. Dans le même temps, le Saint-Empire Romain Germanique prend de l’ampleur et devient menaçant. Allié avec les Hollandais et fort du succès de l’invasion de l’Angleterre, il cherche à contraindre la France dans ses frontières du milieu du siècle. La Lorraine et Strasbourg sont notamment en jeu. Les attaques se multiplient sur plusieurs fronts.
Durant l’été 1692, le duc de Savoie fait une incursion violente dans la Vallée de la Durance et le Queyras (actuelles Hautes-Alpes). Avec plusieurs dizaines de milliers d’hommes, il pille et détruit : Embrun, Guillestre et même Gap. En guise d’avertissement au cas où le Roi eut été tenté de revenir sur l’indépendance de la Savoie. La réaction du Roi Soleil ne se fait pas attendre. Vauban est envoyé sur le champ dans les Alpes pour renforcer les frontières du pays.
Briançon et Château-Queyras
Sur la frontière, 50km au Sud de Briançon, Vauban s’attarde à Fort-Queyras. Il entreprend de grands travaux pour rendre le château moins vulnérable. Même si ce dernier avait assez bien résisté aux attaques venues du Duché de Savoie. Une nouvelle enceinte voit notamment le jour à cette époque.
Plus au Nord, à Briançon, les projets de Vauban sont bien plus importants. Si le Duc de Savoie a évité Briançon quelques mois plus tôt, la ville n’était pourtant guère protégée. Sur ordre du Roi, Vauban engage des travaux pharaoniques. Les fortifications de la ville sont renforcées et des forts sont érigés aux alentours pour protéger les différents accès. Quatre forts principaux sont construits dans les premières années du XVIIIème siècle. A l’image du fort des Salettes, sis à 1.538m d’altitude, édifié en seulement 3 ans (photo). Ces forts permettaient de surveiller les accès à la ville mais aussi de priver un hypothétique envahisseur de positions stratégiques menaçantes.
Mont-Dauphin
Une nouvelle forteresse voit le jour au confluent du Guil et de la Durance, à proximité du village de Guillestre. En honneur au fils du Roi, cette place forte est nommée Mont-Dauphin. Les travaux prennent plus de temps que prévu. Les conditions hivernales ralentissent les travaux une partie de l’année et le sol n’est pas aussi solide qu’imaginé.
La frontière recule vers l’Est quelques années plus tard avec le rattachement de l’Ubaye à la France. Le grand projet de Vauban perd alors en pertinence. Le village ne sera jamais vraiment achevé, les militaires s’y désintéressant. L’église, par exemple, n’est qu’une demi-église. 150 habitants vivent encore aujourd’hui à Mont-Dauphin.
Les fortifications de Vauban de Briançon et Mont-Dauphin sont inscrites depuis 2008 au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, au même titre que deux sites pyrénéens : Villefranche-de-Conflent et Mont-Louis.
EN SAVOIR PLUS > Les sites de Vauban à l'UNESCO
Illustrations : Château Queyras © Olivier Cochard-Labbé / Briançon et Mont-Dauphin : © Mossot / Illustration principale : © Sébastien Hosy